La première stratégie nationale de développement statistique devrait être soumise prochainement pour approbation par le gouvernement, d’après le secrétaire d’Etat chargé des PME. Et une intégration des données statistiques du secteur privé est possible dans un nouveau texte de loi…
Le projet vise à démocratiser l’accès aux données et statistiques nationales et à leur utilisation, et ainsi à en croire le secrétaire d’Etat chargé des PME auprès du ministère de l’économie et de la planification, Samir Abdelhafidh, « le Data Literacy Program » vise à faire naitre une prise de décision basée sur les données ». « C’est un programme, a-t-il précisé hier lors de son discours à l’occasion de l’ouverture dudit programme, destinée à différentes parties prenantes : administrations publiques, universitaires et médias, qui participeront à plusieurs ateliers. L’objectif final de ce programme est de renforcer la culture de l’utilisation des données statistiques. » Et d’ajouter : « L’information statistique est une ressource importante pour l’élaboration des stratégies publiques de développement et le suivi de leur mise en œuvre est une référence essentielle pour les différents acteurs économiques publics et privés dans la prise de décision. L’objectif de la statistique officielle est d’éclairer la décision par une description aussi exacte que possible de la réalité économique et sociale.
Ces chiffres alimentent aussi le débat public et permettent d’évaluer la qualité de la politique publique quant à son efficacité, efficience, pertinence, et sa cohérence… Tenant en compte les défis actuels, il est nécessaire de poursuivre les efforts visant à améliorer davantage l’information statistique dans divers domaines et d’approfondir la réforme du système statistique national ». Le secrétaire d’Etat a, à l’occasion, rappelé les objectifs de la Banque mondiale, partenaire stratégique de l’INS et du Conseil national de la statistique, CNS, dans cette perspective à travers son programme « Data Literacy Program » et notamment la facilitation de l’adaptation aux normes internationales en matière de classification, de méthode, et de pratiques statistiques.
« Aujourd’hui, une deuxième réforme du système statistique tunisien, encore rigide par la loi statistique de 1999, est nécessaire. Elle permettrait à l’INS et aux autres structures statistiques publiques d’être au diapason des avancées importantes qu’ont connues les statistiques officielles. Dans ce cadre, le conseil national de la statistique et l’INS, avec l’appui de la Pnud ont préparé la première stratégie nationale de développement statistique qui devrait être soumise prochainement pour approbation par le gouvernement », a-t-il conclu.
Parallèlement, des actions seront menées pour appuyer l’INS afin de rendre son système statistique intégré et efficace centré sur l’utilisateur, et tendant à renforcer l’INS dans sa stratégie de réforme institutionnelle et son implication dans son éco-système.
Modernisation et implication du privé
Selon le Directeur Général de l’INS, Adnen Lassouad, le programme lancé hier avec l’appui de la Banque mondiale et l’institut britannique des statistiques, ONS RU, et qui se poursuivra sur plusieurs mois, vise principalement à renforcer la culture d’utilisation des données statistiques chez les différents utilisateurs des statistiques à commencer par les décideurs, universitaires et journalistes. « En partie, ce programme tend à moderniser le cadre statistique dont le cadre législatif, datant de 1999, et nous souhaitons que le gouvernement nous accompagne dans une réforme législative dans ce sens.
Puis, on aura besoin d’une nouvelle législation intégrant les données statistiques du secteurs privé, ce qui n’est pas actuellement couvert par la loi en vigueur, alors que c’est une partie intégrante de la réforme du système statistique national », explique Lassouad qui relève aussi le renforcement des capacités du personnel et des techniciens de l’INS, qui, selon lui, ont un manque en la matière.
De son côté, le représentant résident de la Banque mondiale, Alexandre Arrobbio, a confirmé que l’INS est une institution très performante et que « le cadre statistique en Tunisie est très solide et bénéficiant d’une bonne réputation, et compte se moderniser et se renforcer ». Et d’ajouter : « C’est dans ce cadre que la Banque mondiale est venue développer un cadre de partenariat pour aider l’INS dans sa démarche de modernisation et de renforcement avec un focus sur la maîtrise des données, la formation de l’ensemble des utilisateurs de ces données statistiques.
C’est que l’idée est d’optimiser l’usage de ces données par les décideurs, par les médias, la société civile et les universités. C’est un thème qui a un effet de levier pour le gouvernement », assure Arrobbio.